Chaque lundi, mercredi et vendredi, Une Page de Proust vous partage un extrait de À la recherche du temps perdu que chacun connaisseur ou non, peut apprécier.

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Qu’est-ce qu’Une Page de Proust ?

Depuis plus de 3 ans, je cherche à partager des pages idéales de Proust, celles qui donneront envie à chacun de lire ou de relire À la recherche du temps perdu.

Mon travail ressemble à de la sculpture sur texte : je vois le texte proustien comme un matériau littéraire. J’extrais un bloc de texte, et après l’avoir taillé — plus ou moins selon les extraits —, le texte devient un nouvel objet, toujours de la même taille, et qui forme un tout.

Après avoir choisi un passage dans l’un des 7 volumes de La Recherche, je le cisèle autour d’une idée centrale et vous le partage sous le même format : un titre, un commentaire d’introduction, suivi d’un extrait de moins de 2700 signes.

À la fin de chaque Page de Proust, vous trouverez un lien qui vous mènera à l’endroit exact du texte à l’origine de l’extrait sur unepagedeproust.org.


Les Secrets de La Recherche

“Les phrases de Proust sont extrêmement longues et il ne se passe rien dans ses livres”.

Voici les deux clichés que j’avais en tête lorsque j’ai lu pour la première fois À la recherche du temps perdu.

Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai eu la chance de découvrir le côté souvent rocambolesque des rebondissements qui rythment La Recherche.

Si vous n’avez pas encore lu les 7 tomes, je vous souhaite de vivre une telle expérience ! Car dans sa façon d’entrelacer les myriades d’histoires qui peuplent La Recherche, Proust a quelque chose d’un conteur des Mille et une nuits

C’est pourquoi depuis février 2020, j’ai essayé de dévoiler le moins possible les ressorts principaux de La Recherche et de publier les extraits dans le désordre afin de brouiller les cartes pour le futur lecteur.

D’un autre côté, tous ces passages inexplorés, cela fait quelque temps que j’ai envie de les redécouvrir avec vous.

Pour le prix d’un thé ou d’un café à Paris par mois, je vous propose de recevoir ces extraits plus confidentiels de À la recherche du temps perdu :


Les cartes postales proustiennes

Les cartes postales proustiennes sont de courts passages, tendres ou amusants, que j’ai croisés en ciselant des Pages de Proust. Sans lien fort ni avec ce qui précède, ni avec ce qui suit, ils me font souvent penser à des petits poèmes en prose ou à des haïkus géants.

Carte postale n°20


Voyages au cœur du temps perdu

Plusieurs fois par an, les extraits vous sont envoyés dans un ordre chronologique. Nous traversons alors La Recherche à grandes enjambées pour la (re)découvrir au travers d’un thème conducteur.

Voir la dernière série d'extraits


À l’ombre de Proust

De temps à autre, j’espère vous surprendre avec des extraits d’autres auteurs classiques de roman, poésie ou d’essais. (Voir par exemple les extraits de Virginia Woolf ici.)


Mon histoire avec Proust

Elle commence l’été suivant le baccalauréat, préparant ma rentrée en hypokhâgne. Parcourant la liste de lectures obligatoires, je tombe sur un titre charmant et jusqu’ici inconnu de moi : À l’ombre des jeunes filles en fleurs. J’imagine un livre léger, parlant d’amourettes d’adolescents, j’espère même y trouver des passages croustillants — il ne m’en faut pas plus pour me décider à commencer par ce livre.

Malheureusement, je n’ai jamais pu dépasser la première page. Impossible de comprendre la moindre phrase. Je doutais même que ce fussent des phrases. Où était le verbe ? Qui étaient tous ces gens ? Je ne sais combien de fois j’ai lu et relu ce début diabolique, sans en comprendre quoique ce soit :

Ma mère, quand il fut question d’avoir pour la première fois M. de Norpois à dîner, ayant exprimé le regret que le Professeur Cottard fût en voyage et qu’elle-même eût entièrement cessé de fréquenter Swann, car l’un et l’autre eussent sans doute intéressé l’ancien ambassadeur, mon père répondit qu’un convive éminent, un savant illustre, comme Cottard, ne pouvait jamais mal faire dans un dîner, mais que Swann, avec son ostentation, avec sa manière de crier sur les toits ses moindres relations, était un vulgaire esbroufeur que le Marquis de Norpois eût sans doute trouvé, selon son expression, « puant ».

Dépitée, presque humiliée — car je me pensais bonne lectrice, jamais un livre ne m’avait auparavant intimidée — je refermais ce livre dont je me sentais peu digne, me promettant de ne plus me frotter à tout ce qui ressemblerait à de la « grande littérature ».

Cinq ans après, ayant depuis compris que j’avais essayé de lire La Recherche en commençant par le deuxième tome au lieu du premier, un ami me convainquit de redonner une chance à Proust. J’étais alors en pleine année sabbatique, après des études de philosophie. Il paraît que La Recherche est remplie de portraits psychologiques fins et de beaucoup d’humour. Il paraît qu’il faut seulement se laisser porter par le rythme lent des phrases, comme des vagues.

Il s’ensuit alors quelques mois délicieux, pourtant durant lesquels comme le narrateur, j’étais souvent malade. Mais je ne me souviens que d’avoir, comme un enfant des années 90 en été, n’ayant rien d’autre à faire, dévoré un à un les tomes en riant toute seule, bu trop de thé et qu’il faisait beau à Paris.

Ce fut comme un réveil. Beaucoup de ce que décrivait Proust, j’avais l’impression de l’avoir déjà ressenti, parfois distinctement, parfois vaguement, parfois dans une autre vie. Lire Proust a rendu mes minuscules et imprécises impressions — tout un monde ! — réelles. Honnêtement, j’ai eu l’impression de gagner 10 points de QI d’un coup. Et surtout, j’ai compris que les plaisirs insignifiants de la vie, les inévitables désillusions et embarras du quotidien, notre insatiable besoin de reconnaissance, c’était la vraie vie et c’était universel.

Après avoir relu la Recherche plusieurs fois, à la peur de Proust se substitua la peur de ne rien avoir de mieux ou d’aussi bien à lire. J’ai découvert depuis d’autres auteurs mais il m’arrive souvent d’ouvrir au hasard un tome de la Collection Blanche — dont la taille des pages ont inspiré la taille des extraits que je vous partage — et de redécouvrir le texte incroyablement dense de Proust, toujours imprégné du souvenir de la parenthèse enchantée où je l’avais lu la première fois.

J’espère que ces pages de Proust feront écho à vos propres vies, vous consoleront peut-être, et vous feront rire de vous-même et des autres. J’espère qu’elles vous donneront l’envie de vous (re)plonger dans La Recherche, ou que vous y trouverez de solides arguments pour retirer, avec soulagement, Proust de votre pile de choses à lire !

Bonne lecture,

Sandrine Lacout


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